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l’âme du Maroc

Les morisques. Tribulations d’un peuple en exil

Le destin de Fès ayant été intimement lié à celui d’al-Andalus, la cité de Moulay Idris a de tout temps accueilli, par vagues successives, des éléments andalous dont le rôle fut dès sa fondation, si fondamental pour son développement. Elle n’a donc pas attendu la promulgation du décret d’expulsion définitive en 1609 pour ouvrir ses portes aux Morisques.

Pour apprécier les importants apports humains en provenance d’al-Andalus vers Fès, il n’est pas sans intérêt historique de retracer brièvement les grandes étapes de l’installation des Andalous depuis la fondation par les Idrissides jusqu’au déclenchement de l’exode massif des Morisques à partir de la capitulation de Grenade en 1492.

Des Andalous aux Morisques Ce n’est pas ici le lieu de s’attarder sur le peuplement de la Rive des Andalous par les nombreuses familles en provenance de Cordoue après la fameuse révolte du Rabad en 808, sous le règne de l’émir omeyyade al-Hakam I. Par la suite, le mouvement d’émigration vers Fès s’amplifia quand les Almoravides puis Almohades intégrèrent al-Andalus à leurs empires respectifs. Au cours de cette phase qui s’étale sur presque deux cents ans, entre le XIe et le XIIIe siècle, un mouvement continu a animé des relations de plus en plus étroites avec al-Andalus, entraînant, de part et d’autre, des hommes politiques, des administrateurs, des secrétaires d’état, des savants, des poètes, des architectes, des ingénieurs et des artistes. Les succès militaires de la Reconquête chrétienne, notamment dans la région de Valence, ayant engendré un premier exode vers le Maroc, on assista alors à l’accueil officiel, décidé par un dahir almohade daté du 21 cha‘abane 636 H. /1240 J.C., autorisant les émigrés à s’installer à Ribat al-Fath. En leur concédant l’espace de cette ville, pratiquement déserte à cette époque, le dahir les invitait « à l’urbaniser et à y planter vignobles et arbres fruitiers, selon les usages de leur pays d’origine, et sans qu’on exigeât d’eux aucun impôt, hormis les obligations concernant les Musulmans ».

C’est cependant au cours de la période mérinide (XIIIe-XVIe siècles) qu’on assista à Fès à des apports de population encore plus consistants, remarquables par la qualité et la personnalité des nouveaux venus dont l’impact est manifeste dans les courants intellectuels et artistiques que Fès a connus en même temps que Grenade, courants qui ont engendré une civilisation raffinée, partagée de part et d’autre du Détroit de Gibraltar. Cela est visible dans l’architecture et l’art des madrasas mérinides et de l’Alhambra. Pour apprécier les échanges au niveau culturel, il suffirait de se reporter aux multiples ouvrages d’Isma‘īl ibn al-Ahmar, prince nasride réfugié à Fès au milieu du XIVe siècle. En dressant les biographies de ses maîtres et de ses condisciples à Fès, Ibn al-Ahmar a élaboré une véritable fresque de la vie culturelle à Fès au XIVe siècle, où les intellectuels d’al-Andalus sont bien présents. De l’autre côté du détroit, Ibn al-Khatīb a composé à Grenade une série d’ouvrages magistraux où ne manquent pas les références aux hommes de lettres et aux savants ayant fréquenté les deux aires culturelles.

Sur les chemins de l’exil « La Guerra de Granada », dont les étapes définitives se déroulent au cours des dernières décades du XVe siècle, a sonné le glas à l’ultime royaume musulman d’al-Andalus. La remise des clefs de Grenade en 1492 et les entorses portées par les autorités chrétiennes aux articles des capitulations relatifs à la liberté de culte accordée aux Musulmans ont amplifié le mouvement d’exode vers le Maroc. Le dernier sultan nasride, Abū ‘Abdallāh, le Boabdil des chroniques castillanes, est accueilli à Fès avec sa suite composée de plusieurs centaines de personnes. Parallèlement, un vaste mouvement d’exode est déclenché, notamment après la fatwa, consultation juridique rendue par le faqih de Fès al-Wansharīsī, qui invitait les Musulmans d’al-Andalus à quitter le pays où ils sont dominés par les Chrétiens et où ils vivent sous la menace continuelle d’une conversion forcée.

C’est alors qu’en 1494 des milliers de réfugiés, musulmans et juifs, se présentèrent aux portes de Fès où l’on dressa pour eux un grand campement de cabanes hors des remparts, car le typhus qui avait sévi en 1493 dans la ville et ses environs excluaient leur admission intra-muros. Désespérés, les plus fragiles parmi eux durent se décider à chercher refuge en Andalousie qu’ils venaient de quitter et où ils furent exposés aux mêmes sévices. Ailleurs, al-Mandari, un général de Boabdil, s’en fut à Tétouan, ville qu’il réédifia et repeupla avec des émigrés grenadins, pendant que d’autres sont allés s’installer à Chefchaouen.

Il faut signaler que les Andalous, tant musulmans que juifs, qui se préparaient à quitter l’Espagne pour fuir les exactions des tribunaux de l’Inquisition, ont été exposés à toutes sortes de pressions qui les ont amenés à brader hâtivement leurs maisons et leurs biens. Ils furent en outre soumis aux harcèlements des pilotes et des marins des navires qui les embarquaient pour l’autre rive. Une fois au Maroc sur la terre d’accueil, ils ne connurent pas de répit. Les chemins empruntés dans les montagnes du Rif et les plaines du Gharb n’étant pas sécurisés, nos émigrés constituaient des proies faciles entre les mains des brigands qui estimaient que ces hordes désemparées transportaient les trésors accumulés avant leur exil. Pour comble de malheur, et malgré les bonnes intentions des autorités marocaines, ils eurent enfin à affronter à Fès l’épidémie du typhus signalée.

Les Morisques et les enjeux stratégiques du moment Au cours des premières décades du XVIe siècle, leur situation empira en Espagne. Le régime instauré par l’Inquisition, en durcissant, devint intolérable. Les préparatifs pour une rébellion générale dans les montagnes de Grenade alarmèrent les autorités espagnoles qui envisagèrent la solution de l’expulsion massive. Dès lors, les Morisques occupèrent les devants de la scène géopolitique et stratégique. La question, ayant revêtu une dimension régionale, se situa, dès le milieu du XVIe siècle, au centre des préoccupations des puissances du moment. Philippe II et le sa‘adien ‘Abdallāh al-Ghālib entamèrent des pourparlers secrets où il était question de pousser le Maroc à accepter d’accueillir les Morisques dont l’Espagne veut se débarrasser. Le problème devint plus alarmant quand une délégation de notables morisques se présenta à la cour du sultan sa‘adien pour solliciter son soutien à la rébellion qui hourdait dans les montagnes des Alpujarras. Dans le but d’éloigner le danger des Ottomans agissant par l’intermédiaire des Beys d’Alger qui étaient à leur tour prêts à jouer la carte des Morisques en aidant les rebelles, Philippe II essaya de négocier avec le sultan sa‘adien la cession du port de la Mamora, port infesté par des pirates hollandais et anglais, de connivence avec des Morisques. De cette manière, ces derniers ont pu déplacer sur l’océan atlantique le champ de leur riposte à l’expulsion. Ainsi, la carte des nouvelles puissances maritimes de la mer du nord s’ajouta au dossier. D’autre part, le même Philippe II multipliait les démarches diplomatiques et les pressions politiques auprès du sultan sa‘adien pour obtenir à tout prix la cession du port de Larache afin de barrer le chemin aux Ottomans qui convoitaient ce port proche des côtes espagnoles. Dans ce contexte, l’Espagne ne cacha plus son intention d’intervenir militairement à Larache. Pris en tenailles dans cette situation complexe, ‘Abdallāh al-Ghālib ne donna point de suite favorable aux dignitaires morisques en mission à sa cour, ce qui signifie que les rebelles des Alpujarras étaient abandonnés à leur sort. En outre, selon la Chronique anonyme de la dynastie sa‘adienne, il leur conseilla «d’instaurer la paix avec les Chrétiens, en échange de quoi il leur permettrait de traverser (le Détroit) pour s’installer au Maroc ». Les Chrétiens, ajoute le chroniqueur, acceptèrent et « la majorité des Morisques traversa alors le Détroit et s’éparpilla à travers le pays ». Toutefois, on ne saurait dans ce cas ajouter foi à ce texte quand il avance que la « majorité traversa le détroit »; car des milliers de Morisques étaient encore à Grenade où ils occupaient le quartier Albaïcin, et d’autres, encore plus nombreux, demeuraient dans les Sierras de l’Alpujarras.

La rébellion de les l’Alpujarras Pendant que le sultan sa‘adien louvoyait entre les Morisques et les Castillans, des mesures de plus en plus sévères se multipliaient à l’égard de ceux qu’on nommait « les Chrétiens nouveaux ». Face à cette situation, ces derniers ne restaient pas inactifs. Une rébellion générale grondait dans les Alpujarras, de connivence, au moins au début, avec la population de l’Albaïcin. Elle fut organisée par plusieurs chefs de villages en relation avec un certain « Farax Aben Farax » (Faraj ibn Faraj), qui prétend descendre du lignage des Banū Sirāj (Abencerraj) et qui ambitionnait de restaurer le royaume de ses ancêtres. Les révoltés des Alpujarras étaient « secourus et armés par des Gênois, des Turcs et des Mores de Berbérie», selon Luis de Mármol, témoin direct et chroniqueur des événements auxquels il a consacré le très important ouvrage intitulé Rebelión y Castigo de los Moriscos. Le mouvement fut déclenché « un Jeudi Saint pendant que les Chrétiens étaient occupés à accomplir leurs dévotions ». Le choix de la date coïncidait avec la fin de l’année 1568, en souvenir de la chute de Grenade. Les églises constituèrent les principales cibles des attaques surprises qui furent, selon Mármol, violentes et meurtrières. Aussitôt, la réaction des hautes autorités militaires et religieuses s’est traduite à Grenade par l’ordre de rassembler tous les Morisques de la ville suspectés de collaboration, de les recenser, par mesure sécuritaire, mais aussi en vue de leur expulsion. Ils furent regroupés hors du rempart, dans un camp situé entre la porte d’Elvira et l’Hospital Real. Un fort désir de vengeance anima alors certains responsables chrétiens.

Il s’en suivit un tel massacre que même Mármol, en général peu tolérant envers les Morisques, en déplora les excès dans ce poignant paragraphe : « Ce fut un misérable spectacle de voir tant d’hommes de tous âges, têtes basses, mains croisées, faces baignées de larmes et saisies de douleur et de tristesse, qui viennent de quitter leurs biens, leurs familles, leur patrie, leur paysage, leurs terres, leur bien-être, et qui, de surcroît, ne savent pas avec certitude ce qu’il en sera de leurs têtes ».

Une fois la rébellion des Alpujarras écrasée (1568-69), la coïncidence des intérêts stratégiques entre l’Espagne et le Maroc perdura jusqu’au début du XVIIe siècle, période où la question prit une ampleur plus grande encore après la mort du sultan sa‘adien Ahmed al-Mansūr en 1603 et à cause des guerres fratricides que se livrèrent ses fils rivaux, Mohammed ash-Shaykh al-Ma’mūn à Fès, Zaydān à Marrakech et Abū Fāris, balloté entre les deux.

L’expulsion de 1609 et la « République du Bou-Regreg » En 1609, au plus fort de la lutte entre les prétendants au trône sa‘adien, l’Espagne décida d’expulser les Morisques et de se faire livrer le port de Larache. Pour sa part, Zaydān était d’abord disposé à venir en aide aux Morisques et même à croire à la chimère d’une reconquête d’al-Andalus.

Par crainte d’une réaction militaire espagnole, il tenta de se rapprocher des Hollandais en envoyant aux Pays-Bas Samuel Pallache, un ambassadeur juif, descendant des expulsés. L’objet de cette mission « prévoit une coopération militaire contre l’Espagne, dans laquelle les Morisques sont inclus » (voir B. Rosenberger, Fès dans la tourmente). Au retour de l’ambassadeur, la situation ayant changé du fait de l’acharnement de Mohammed ash-Shaykh, Zaydān dut se résoudre à modérer ses ambitions, car son rival alla jusqu’à traverser le Détroit et séjourner avec sa suite à Carmona en attendant d’obtenir de Philippe III l’aide militaire et financière contre son frère.

En septembre 1609, le souverain espagnol finit par convaincre Mohammed ash-Shaykh à céder Larache en contre partie de son soutien.

Le moment était alors favorable à la décision de l’expulsion générale décrétée par Philippe III à la fin de l’année 1609, comme pour commémorer la date de la prise de Grenade. Parmi les nouveaux venus se trouvaient les Hornacheros qui constituaient le clan le plus dur. Ils s’installèrent à Rabat-Salé où ils poursuivirent la lutte sous la bannière des corsaires. Sur ce site, apparut alors une sorte de Cité-État gouvernée de manière collégiale, à l’instar des Taïfas des corsaires, nombreuses à cette époque sur les rivages atlantiques et méditerranéens. Les historiens, amoureux des titres, ont collé à la Taïfa l’étiquette de « République du Bouregreg ». Malgré son allure d’institution étatique et ses relations commerciales et diplomatiques, notamment avec les Pays-Bas, la Taïfa de Rabat-Salé était en réalité constituée de marins et d’aventuriers de tous bords et obédiences, Turcs, Hollandais, Anglais, attirés par les coups d’éclat et les butins de la course. Belle aubaine pour les Morisques qui prenaient leur revanche en s’abattant, au large, sur les galions espagnols. Au cours de la première moitié du XVIIe siècle, le rayon d’action des corsaires de Rabat-Salé a atteint l’Islande au nord et s’étendait jusqu’à l’île de Malte, si l’on ajoute foi à un poème du genre melhoun composé au XVIIIe siècle, chanté en dialecte marocain, et qui décrit une expédition-réelle ou songe de poète? – qui aurait été dirigée contre l’île des Chevaliers: Projetés du navire (…) Les boulets ont éclaté, Et le diwan de Malte, écrasé, Fut aplani par la force des bombardes ! Mis à part l’épisode des corsaires, les expulsés de 1609 ont cherché, tant bien que mal, à trouver aussi refuge dans les petites cités maritimes marocaines, parallèlement à Fès où ils ont rejoint les premières vagues de leurs compatriotes.

Accueil, intégration et destin d’une élite À vrai dire, en effet, ils étaient différents en tout, par la langue castillane qu’ils parlaient, par leur faible connaissance de la langue arabe, par leurs gaucheries dans les pratiques religieuses, par leurs coutumes, le tout accumulé durant plus d’un siècle passé sous le régime de l’Inquisition et la domination espagnole. L’accueil au Maroc ne fut donc pas aussi bienveillant qu’on s’y attendait, au moins au début de leur arrivée. Peu à peu, ils s’adaptèrent et furent adoptés grâce à leurs multiples savoir–faire dans les domaines de l’artillerie et des armes à feu, de l’agronomie, des cultures spéculatives, de la production et des tissages de la soie, de divers métiers d’art, de la broderie, du brocart, de l’architecture, de la musique dite andalouse.

Grâce à leur connaissance de la langue et des coutumes castillanes, ils étaient mieux disposés que d’autres à accomplir les délicates missions diplomatiques dont ils furent chargés, notamment en Espagne. Ils réussirent enfin à s’intégrer, particulièrement au sein de la société de Fès, au point de se hausser au niveau de son élite. Il leur a fallu cependant près d’un siècle pour émerger. C’est alors qu’ils apparurent sur la scène diplomatique à la tête des délégations envoyées en Espagne par Moulay Isma‘īl et ses successeurs.

Dans ce cadre, nous avons fait choix de deux ambassadeurs d’origine morisque: • Al-Wazīr al-Ghassānī chargé d’une mission en 1690 par Moulay Isma‘īl.

• Ben Othmān al-Meknāsi envoyé par le sultan Mohammed ben ‘Abdallāh en 1779, également en Espagne.

Al-Wazīr al-Ghassānī est un descendant d’une notable famille andalouse de Grenade, les Banū al-Wazīr. Sa mission en Espagne (1102 H. / 1690-1691 ap. J.-C.) consistait à négocier le rachat des captifs musulmans et le rapatriement des manuscrits de la bibliothèque du sultan sa‘adien Zaydān, saisis par des corsaires et offerts au roi d’Espagne. Il a proposé d’échanger les captifs chrétiens retenus au Maroc à raison d’un captif pour huit manuscrits. Jusqu’à nos jours, ces manuscrits constituent un des fonds les plus importants de la bibliothèque royale de l’Escorial.

Dans sa Rihla, relation de voyage, on relève ces deux notes relatives à l’Espagne et aux Morisques.

D’un côté il observe que l’expulsion des Morisques n’a pas été bénéfique pour l’Espagne et établit une corrélation entre cet événement et l’appauvrissement de l’Andalousie. D’un autre côté, il se montre bien nuancé à l’égard du traitement subi par les Morisques en avançant que « l’Inquisition a tourné toute son activité contre les Juifs ; les descendants des Morisques, ajoute t-il, ayant depuis longtemps embrassé le Christianisme ne sont plus inquiétés ».

Ben ‘Othmān al-Meknāsi assure sa mission en 1779 auprès de Charles III d’Espagne. Dans sa Rihla, il a l’occasion d’évoquer le souvenir des Morisques lors d’une réception organisée en son honneur à la cour royale. Il rapporte que des dignitaires de cette cour lui ont discrètement signifié que le souvenir de leur origine musulmane s’est transmis jusqu’à eux, de génération en génération, mais qu’ils ne pouvaient l’avouer ouvertement. Il est intéressant de relever d’après son récit qu’il a signifié à ses interlocuteurs que les descendants des Morisques expulsés au Maroc sont « gens de poids et considérés comme des notables. Dans la bouche d’un ambassadeur, luimême descendant d’une famille morisque originaire de Malaga, cette précision, prise à la lettre, elle laisse entendre aux interlocuteurs qu’ils seront les bienvenus s’ils décidaient de rejoindre « leurs frères » au Maroc.

Un siècle plus tard, vers 1900, Eugène Aubin, diplomate et voyageur français, en décrivant la société de Fès, observe que les descendants des familles andalouses étaient à la tête de l’élite de la cité. À l’époque du Protectorat français, sous le règne du sultan Moulay Yusūf, une photographie du conseil du gouvernement réuni au Palais Royal de Rabat en 1926, montre trois personnalités d’origine morisque. Tel sont Mohammed Ronda, vizir de la Justice et Mohammed Mouline, vizir des Habous ; et ‘Abderrahmān Bargach (Vargas) quant à lui, occupait la charge de Pacha de Rabat.

Il est remarquable de constater qu’ils ont conservé leurs patronymes espagnols, trois siècles après leur expulsion en 1609.